Pour la première fois, l’OMS/Europe a procédé à une évaluation régionale de la qualité des soins de santé et de la sécurité des patients dans chacun des 53 États membres de la Région européenne de l’OMS. Les nouvelles conclusions, publiées dans un rapport dévoilé aujourd’hui, mettent en avant le lien important existant entre, d’une part, la qualité des soins de santé et, d’autre part, l’espérance de vie, la probabilité de décès dus à des maladies non transmissibles et les préjudices généraux subis par les patients.
En outre, selon le rapport intitulé « Taking the pulse of quality of care and patient safety in the WHO European Region » [Prendre le pouls de la qualité des soins et de la sécurité des patients dans la Région européenne de l’OMS], seul 1 pays sur 3 dans la Région a mis en œuvre un plan d’action national sur la qualité des soins et/ou la sécurité des patients, d’ailleurs considéré par l’OMS comme un indicateur clé de la capacité d’un pays à dispenser des soins de qualité à ses patients.
Le rapport souligne l’importance de cette démarche car « l’application de tout plan d’action national ou de toute politique nationale supplémentaire permet d’augmenter de 0,57 an l’espérance de vie en bonne santé à la naissance, et de diminuer de 1,34 % la probabilité de mourir de certaines maladies non transmissibles ».
« La qualité des soins de santé est un objectif commun dont la réalisation repose sur les efforts collectifs des patients, des professionnels, des responsables politiques et des bailleurs de fonds. Ce principe de cocréation des soins met en évidence le rôle essentiel de la confiance entre les patients et les prestataires de soins de santé », a expliqué le docteur Natasha Azzopardi Muscat, directrice de la Division des politiques et systèmes de santé des pays à l’OMS/Europe.
« Or, nous devons reconnaître que la prestation de soins de mauvaise qualité érode cette confiance presque instantanément et sape le fondement même de nos systèmes de santé. Bien que nous ayons réalisé d’importants progrès dans la Région européenne de l’OMS, cette toute première évaluation montre qu’il reste encore beaucoup à faire pour veiller à ce que tous les individus reçoivent les soins sûrs, efficaces et centrés sur la personne qu’ils méritent. »
En outre, selon les estimations, environ 1 patient sur 10 dans la Région subit des préjudices dans le cadre des soins de santé et jusqu’à 4 patients sur 10 dans le cadre des soins primaires et ambulatoires, sachant qu’au moins 50 % de ces préjudices pourraient être évités.
Fait alarmant, les estimations figurant dans le rapport montrent que la différence d’espérance de vie en bonne santé due aux maladies non transmissibles entre les pays les plus performants et les moins performants peut atteindre 11 ans.
Autres principales conclusions du rapport :
- seuls 32 % des 53 États membres de la Région disposent d’un plan national pour la qualité des soins et 30 % pour la sécurité des patients (1 sur 3), ce qui a de graves répercussions sur l’espérance de vie, les préjudices subis par les patients et la probabilité de décès dus à des maladies non transmissibles ;
- seuls 13 % des pays (environ 1 sur 10) de la Région disposent d’un mécanisme de représentation des patients/du public dans la gouvernance nationale de la santé ;
- 5,2 % des habitants de la Région déclarent avoir été victimes d’une erreur médicale après avoir reçu des soins de santé (la proportion varie de 3 à 12,6 % pour l’ensemble de la Région) ;
- sur une note positive, environ 80 % des pays ont mis en œuvre un plan pour contrer les dangers de la résistance aux antimicrobiens.
Appel à l’action de l’OMS
Le nouveau rapport, élaboré par le Bureau de l’OMS pour la qualité des soins et la sécurité des patients à Athènes (Grèce), présente une série de recommandations visant à aider les pays de la Région européenne de l’OMS à améliorer la qualité des soins et les normes de sécurité des patients, ce qui permettra en fin de compte d’améliorer les résultats sanitaires et de prolonger l’espérance de vie.
Plus précisément, le rapport préconise ce qui suit :
- un investissement plus important et plus concret dans l’élaboration de plans d’action et de politiques nationales en faveur de la qualité des soins et de la sécurité des patients, car il a été démontré que leur existence a un effet significatif sur la santé de la population ;
- la représentation des patients et du public dans la gouvernance nationale de la santé ;
- le remaniement des modèles de soins en fonction des besoins et des préférences des patients.
Les données montrant une variation substantielle de la part des dépenses publiques consacrées à la santé dans le total des dépenses publiques (de 4,6 à 22,4 %), l’OMS demande à ce qu’un meilleur investissement soit consenti à l’établissement d’un budget de l’État solide pour la qualité des soins, l’objectif étant de stimuler la valeur ajoutée de la prestation des services de santé.
Le rapport présente également des profils nationaux détaillés sur l’état de la qualité des soins et de la sécurité des patients pour chacun des 53 pays de la Région européenne de l’OMS.
« Si le lien entre la qualité des soins et la sécurité des patients, d’une part, et les résultats en matière de santé et de bien-être, d’autre part, peut sembler évident, il est important que notre rapport démontre ce lien à l’aide de données et d’éléments de preuves que les gouvernements et les responsables politiques peuvent, et doivent, utiliser pour apporter les changements qui s’imposent d’urgence », a indiqué le docteur João Breda, chef du Bureau de l’OMS pour la qualité des soins et la sécurité des patients. « Le renforcement de la qualité des soins et de la sécurité des patients permettra non seulement de réduire la morbidité et de sauver des vies, mais contribuera aussi dans une large mesure à rétablir et à renforcer la confiance du public dans les autorités et les systèmes de santé, confiance qui est essentielle si nous voulons réaliser la vision ultime de l’OMS, à savoir la santé pour tous. »